Le labyrinthe de la facturation électronique : s'orienter parmi les modèles de conformité mondiaux

Le marché mondial de la facturation électronique (e-facturation) est en constante évolution, poussé par l'objectif universel de réduire l'écart de TVA. Alors que les gouvernements exigent de plus en plus la facturation électronique, une gamme diversifiée et souvent complexe de modèles a émergé. Pour les entreprises opérant à l'international, se conformer à ces exigences variées dans plusieurs pays représente un défi important.
La complexité croissante de la conformité
Le paysage de la déclaration des impôts indirects devient de plus en plus complexe, avec une multitude de modèles et de fréquences de déclaration. Les entreprises doivent composer avec des déclarations de type contrôle préalable (clearance), en temps réel, quotidiennes, mensuelles, bimestrielles, trimestrielles, annuelles et à la demande, les exigences variant souvent selon qu'il s'agisse du fournisseur ou de l'acheteur.
Une distinction clé se situe entre facturation électronique et reporting électronique. Dans l'e-reporting, ce n'est pas la facture elle-même qui nécessite l'approbation du gouvernement, mais un rapport ou un document contenant les informations de la facture, souvent transmis en temps réel.
L'essor de Contrôle Continu des Transactions (CCT) transforme fondamentalement la manière dont le reporting fiscal est réalisé. La transition vers le reporting en temps réel met l'accent sur l'importance de la rapidité et de la précision. De plus, le périmètre s'élargit pour inclure divers documents, notamment les commandes, les avis d'expédition et les paiements. Ce changement est mis en évidence par l'évolution de la connectivité — du point à point et de l'EDI vers les réseaux — et par la possibilité de se connecter à tous les partenaires commerciaux via une seule connexion.
Avantages de l'automatisation de la facturation électronique
Dans ce contexte complexe, l'automatisation de la facturation électronique offre un certain nombre d'avantages significatifs. Parmi ceux-ci, les principaux sont :
Standardisation des données : Cela garantit une entrée et une sortie cohérentes des données des systèmes clients, simplifiant le processus d'accès aux points de terminaison ciblés, en particulier lorsqu'on se conforme à des normes telles que la norme européenne de facturation électronique (EN 16931).
Simplification des rapports : Des informations précises sont facilement accessibles dans le système ERP, ce qui rend la production de rapports plus efficace.
Scalabilité : Les processus métier sont simplifiés grâce à la standardisation, ce qui permet une plus grande évolutivité.
Un aperçu des différents modèles de facturation électronique
Pour bien comprendre le niveau de complexité auquel les entreprises internationales doivent faire face dans le paysage commercial mondial, il est important de reconnaître la large gamme de « saveurs » utilisées à travers le monde.
Modèles d'interopérabilité (par exemple Peppol et le modèle GENA à quatre coins) : Ces modèles facilitent l'échange décentralisé d'informations entre partenaires commerciaux via un réseau de prestataires de services certifiés, sans transmission en temps réel aux autorités. De nombreuses entreprises adoptent ces modèles en raison d'obligations réglementaires et des importants avantages commerciaux qu'ils offrent, tels qu'une automatisation accrue et une plus grande efficacité des processus documentaires au sein de la chaîne d'approvisionnement. Des exemples concrets d'obligations comprennent la facturation électronique entreprise-vers-administration (B2G) à travers l'Europe, applicable aux entrepreneurs et sous-traitants fournissant des biens et des services aux entités publiques.

Modèles de reporting en temps réel (RTR) : Ces modèles obligent les entreprises à transmettre des données transactionnelles aux autorités fiscales. Cependant, les autorités n'exigent généralement pas et ne se préoccupent pas de l'échange électronique de factures entre partenaires commerciaux. Cela entraîne souvent un processus supplémentaire et fastidieux en deux étapes pour les contribuables, qui restent responsables de s'assurer que les factures sont échangées (par exemple, en les envoyant aux clients). Des exemples clés incluent la Hongrie (NAV) et l'Espagne (SII, et VERI*FACTU à partir de janvier 2027).

Contrôle continu des transactions (CCT) – modèles d'autorisation : Ces modèles impliquent que l'administration fiscale valide les factures avant ou après qu'elles soient soumises au client, souvent via un système désigné avec un format spécifique. Cela peut se produire avec ou sans que le client final accuse réception de la facture ou en communique le statut. Bien que cela crée un processus en deux étapes, c'est généralement moins contraignant que les modèles RTR, car il s'agit de traiter les mêmes données de facturation plutôt que d'ajouter une étape supplémentaire de reporting. Ces réglementations existent sous différentes formes, notamment des approches centralisées et décentralisées.

Modèles d'échange centralisés : Dans cette approche CTC, l'autorité fiscale valide et approuve les factures directement via un système désigné par le gouvernement qui est également utilisé pour l'échange de factures entre les parties commerciales. Le SDI en Italie et le KSeF en Pologne en sont des exemples parfaits. Dans ces modèles, l'administration fiscale est directement impliquée dans les transactions commerciales, validant et approuvant souvent les factures avant qu'elles ne soient remises aux clients finaux. Bien que cela soit efficace pour réduire l'écart de TVA, cela peut obliger les entreprises à mettre en place un processus supplémentaire uniquement pour la conformité fiscale, ce qui augmente la charge de travail.

Le modèle décentralisé CTC et d'échange (DCTCE) (également connu sous le nom de modèle à 5 coins) : Cette solution en constante évolution est approuvée par des acteurs mondiaux de la facturation électronique tels que Peppol et GENA. Elle vise à aligner les intérêts commerciaux des entreprises (automatisation et efficacité) avec les intérêts fiscaux des gouvernements (conformité et prévention de la fraude) en combinant les gains d'efficacité commerciale d'un échange décentralisé avec les exigences de données en temps réel de l'administration fiscale. Dans ce modèle, fournisseurs et acheteurs choisissent chacun leur propre prestataire de services certifié (par ex. un point d'accès Peppol, comme Banqup Group). Les documents sont envoyés électroniquement sous des formats structurés entre ces prestataires, automatisant ainsi l'ensemble du processus documentaire de la chaîne d'approvisionnement. L'administration fiscale se connecte au prestataire de services pour extraire les informations TVA pertinentes en temps réel ou quasi réel, sans exploiter une plateforme centrale ni bloquer le flux des factures.

Une analyse plus approfondie de la solution en cours d'évolution — le modèle DCTCE
Le modèle décentralisé de CTC et d'échange a commencé à émerger parce que beaucoup de modèles traditionnels de conformité, bien qu'efficaces pour les administrations fiscales, n'ont pas tenu la promesse la plus importante faite au secteur privé : l'automatisation complète de l'entreprise. Créé et approuvé par des parties prenantes mondiales de la facturation électronique, comme indiqué ci‑dessus, ce modèle combine les gains d'efficacité pour les entreprises d'un échange décentralisé avec les besoins en données en temps réel de l'administration fiscale.
Le modèle DCTCE transforme la charge liée à la conformité en un processus automatisé de la chaîne d'approvisionnement :
L'entreprise choisit le fournisseur : Le fournisseur et l'acheteur choisissent chacun leur propre prestataire de services certifié (souvent un point d'accès Peppol). Ces fournisseurs existent au sein d'un réseau décentralisé et sont certifiés par l'administration fiscale.
Automatisation et échange : Les documents sont envoyés électroniquement via des formats structurés (comme Peppol BIS) entre les prestataires de services des partenaires commerciaux. Les entreprises utilisent le prestataire de leur choix pour automatiser l'ensemble du processus documentaire de leur chaîne d'approvisionnement (pas seulement la facture).
Extraits de l'administration fiscale : L'administration fiscale ne gère pas une plateforme centrale et ne bloque pas le flux de factures. À la place, elle "agit en surcouche" avec une connexion au fournisseur de services (le 5e coin) à extraire les informations pertinentes relatives à la TVA en temps réel ou quasi en temps réel.
Les avantages du DCTCE pour toutes les parties prenantes

Le modèle DCTCE est considéré comme le « modèle idéal » parce qu'il concilie enfin les intérêts commerciaux des entreprises (automatisation et efficacité) avec les intérêts fiscaux des gouvernements (conformité et prévention de la fraude).
Conclusion : Un changement mondial est en cours.
Le paysage de la facturation électronique est dans une phase d'adoption et de transformation massive. Bien que des modèles centralisés performants existent, la tendance, en particulier en Europe dans le cadre de l'initiative ViDA, est de se diriger vers des modèles décentralisés plus flexibles et adaptés aux entreprises. Les créateurs du modèle décentralisé CTC et Exchange (5-Corner) sont optimistes quant au fait que de nombreux pays n'ayant pas encore établi de mandats opteront pour cette approche simplifiée et efficace. Une adoption accrue d'un modèle unifié conduira sans aucun doute à un processus mondial plus simple et plus favorable pour toutes les parties concernées.
Pour rester pleinement informé(e) des spécifications techniques et de l'adoption législative du modèle DCTCE et d'autres obligations émergentes, vous pouvez nous suivre sur LinkedIn pour des mises à jour plus rapides.

Danielle Kiener
Responsable Grands Comptes, Groupe Banqup
Danielle a 15 ans d'expérience dans la gestion de la relation client en matière de facturation et d'administration financière. Elle travaille actuellement à Genève, où elle soutient les clients mondiaux du groupe Banqup et aide les entreprises multinationales à numériser leurs processus. Au fil des ans, elle a été étroitement impliquée dans la transformation numérique de la facturation, y compris la direction d'initiatives de facturation électronique dans les régions EMEA et Asie-Pacifique pour une grande multinationale. Son expérience approfondie lui permet d'être toujours à jour sur les dernières réglementations et changements en matière de facturation électronique dans le monde entier.


